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Le 10 avril 2008
Cest en des termes limpides que la cour de cassation, réunie en sa chambre commerciale le 4 mars 2008, sest prononcée sur la nature de la décision du tribunal dappliquer les règles de la procédure de liquidation judiciaire simplifiée à légard dun débiteur en difficulté. En effet, dans son attendu de principe la haute juridiction décide « que si la décision qui statue sur louverture de la procédure de liquidation judiciaire est susceptible dappel ou de pourvoi en application de larticle L 661-1 du code de commerce, lexercice de la faculté par le tribunal ou la cour dappel dappliquer à la procédure les règles de la liquidation judiciaire simplifiée est une mesure dadministration judiciaire non susceptible de recours ». Issue de la réforme du 26 Juillet 2005, la procédure de liquidation judiciaire simplifiée ne se présente pas comme une catégorie de procédure collective autonome, mais comme une variante accélérée de la liquidation judiciaire. Lobjectif est de clôturer la procédure dans les 12 mois suivants le jugement douverture, sous réserve dune éventuelle prorogation de 3 mois. Dès lors, larticle L 644-2 prévoit la possibilité pour le juge commissaire dautoriser de manière globale, le liquidateur à procéder à la vente de gré à gré de lensemble des biens désignés dans son ordonnance, dans un délai de 3 mois. Et de manière complémentaire, larticle L 644-3 limite la procédure de vérification des créances à la seule vérification des créances salariales et des créances susceptibles de venir en rang utile. En tant que dispositif nouveau, il est prévu que cette procédure est applicable sur décision du tribunal, afin que celui-ci puisse apprécier lopportunité de lapplication dune telle procédure « simplifiée ». Lefficacité juridique dune telle décision est assurée par larticle R 644-1, issu du décret du 23 décembre 2006, qui précise que cette décision est une « mesure dadministration judiciaire non susceptible de recours ». Néanmoins, afin de maintenir un certain cadre légal autour de cette mesure dadministration judiciaire, larticle L 641-2 énumère certaines hypothèses où le tribunal ne pourra pas soumettre le débiteur en difficulté aux règles de la procédure simplifiée. Ce cadre légal tend notamment à réserver la procédure simplifiée aux petites structures, le but du législateur étant déviter de porter atteinte aux droits des créanciers par la mise en uvre dune procédure trop rapide eût égard à la situation du débiteur. Larticle L 641-2 vise alors les hypothèses où lactif du débiteur comprend un bien immobilier ou lorsque lentreprise dépasse certains seuils : plus de 5 salariés au cours des 6 derniers mois ou plus de 750 000 de chiffre daffaire. Toutefois, en dépit de ces dispositions, lobjet du litige de larrêt du 4 mars 2008 portait sur la décision dun tribunal ordonnant lapplication des règles de la procédure de liquidation judiciaire simplifiée à une entreprise dont lactif comportait un actif immobilier. Dès lors le débiteur concerné entendait contester cette décision contra legem. Mais la cour de cassation na admis aucune voie de recours. En effet, en se basant implicitement sur larticle R 644-1 elle qualifie cette décision de mesure dadministration judiciaire, ce qui implique alors nécessairement labsence de voie de recours. Cette décision sévère et contraire à la volonté première du législateur, semble se justifier par lidée que cette procédure ne peut présenter de réels inconvénients pour le débiteur soumis à celle-ci, et une volonté sous jacente détendre cette procédure dans les prochaines réformes, déjà en cours de réflexion. Laure Vago. Magistère DJCE 2ème année.